COUPLE VIVANT et DURABLE

CONSTRUIRE un COUPLE VIVANT et DURABLE
Vivre en couple et se marier, malgré de nombreux points communs entre ces deux projets, ne s’appuie pas tout à fait sur les mêmes prémices, ni sur les mêmes enjeux.
Nous pouvons le constater, il y a une aspiration toujours présente chez les hommes et les femmes d’aujourd’hui, à vivre en couple et parfois même à se marier. Mariages le plus souvent civils, devant Monsieur ou Madame le Maire, ou/et mariages religieux, quand les convictions de chacun et les conditions sont réunies. Il y a aussi cette pratique des cérémonies inventées, avec souvent beaucoup de créativité, pour célébrer l’engagement d’un homme et d’une femme à lier leur cheminement et leurs projets de vie.

Mais peut-être faut-il rappeler les éléments et les enjeux constitutifs d’une rencontre amoureuse sans les confondre avec les enjeux très différents, qui devront être présents dans une relation de couple. En effet les éléments et les composantes qui engendrent et nourrissent la rencontre amoureuse : attirance, désir, sentiments, ressentis positifs ou choix inconscients ne sont pas suffisants pour permettre la construction et surtout la pérennité d’un couple. Pour construire un couple durable il convient d’ajoute quelques « ingrédients » relationnels, qui ne sont pas toujours spontanément présents entre deux êtres qui s’aiment. Leur absence ou leur faiblesse peut ouvrir a des malentendus et a des incompréhensions, blesser la vitalité du couple, créer des conflits intra et interpersonnel chez l’un ou l’autre des partenaires. En m’interrogeant sur ce qui favorise la cohésion, la croissance et le développement d’une vie en couple, j’ai repéré six points qui me semblent essentiels, même s’il en existe d’autres qui prendront plus de valeur ou d’importance dans tel ou tel couple particulier.

Conditions de base pour construire un couple.
* La capacité de s’allier et pour cela être suffisamment délié ou distancié de relations affectives antérieures (parents, ex-relations amoureuses ou conjugales) qui peuvent continuer a mobiliser ou a entrer en compétition parfois, avec les sentiments de l’un pour l’autre des partenaires. Ce qu’il faut savoir c’est qu’il sera difficile de s’allier si on n’est pas délié d’autres engagements, d’autres fidélités, si on n’est pas sorti de dépendances familiales ou autres.
* La possibilité et la capacité de s’engager, c’est-a-dire d’avoir une autonomie affective et relationnelle suffisante pour être capable de choisir un partenaire privilégié, sur lequel se focaliseront des attentions, des ressources, dans la perspective d’un partage, d’un soutien et d’une amplification mutuelle. La capacité a s’engager suppose la liberté de faire des choix et donc de renoncer à d’autres relations, à d’autres priorités ou a un mode de vie trop égocentrique : soit parce qu’il est centripète (tourné vers soi) ou trop centrifuge (tourné vers les autres).
* La capacité de pouvoir élaborer un projet de vie en commun et non d’un seul projet « soi-disant commun » (c’est a dire ramené aux désirs de l’un qui entraîne ou contraint le projet de l’autre) comme c’est trop souvent le cas. L’engagement de vivre en couple, de se marier pourra s’appuyer sur un ensemble de clarifications préalables : – Quelles sont mes attentes relationnelles, quelles sont les tiennes? – Quels sont mes apports relationnels, quels sont les tiens? – Quelles sont mes zones d’intolérance, quelles sont les tiennes? Une attitude floue ou le refus de mettre en commun, de partager sur l’un ou l’autre de ces trois points, risque de susciter plus tard des conflits et des tensions, d’aggraver les malentendus inévitables dans toute relation vivante.
* La capacité de créer et de vivre une double intimité: Vivre en couple suppose la cohabitation d’une double intimité : intimité commune et partagée (projets de vie, territoire, finances, centres d’intérets) et d’une intimité personnelle et réservée (jardin secret, zone d’intimité personnelle). C’est la cohabitation harmonieuse de ces deux intimités qui donnera au couple sa consistance et sa force, en permettant a chacun de vivre des espaces et des temps suffisamment différenciés pour à la fois se rencontrer, se découvrir et s’ouvrir a la connaissance et au respect des différences de chacun.
* La recherche d’une adéquation et d’une cohérence entre fidélité à l’autre et fidélité à soi. Ce point me paraît central, car trop souvent nié ou maltraité dans certains couples. La cohérence et l’accord profond d’un couple dureront tant que la fidélité, c’est a dire le respect de l’autre ne rentre pas en conflit avec la fidélité et le respect à soi-même. Si a un moment donné l’un ou l’autre des partenaires a le sentiment qu’il ne peut plus se respecter (et donc qu’il n’est plus fidele à lui-même), son engagement, sa fidélité a l’autre seront sinon conflictuels, du moins menacés.
Combien de femmes (surtout) d’hommes (aussi) risquent de s’aliéner, de se maltraiter, physiquement, psychologiquement en tentant coute que coute, de rester fideles a l’autre alors qu’ils ne se sentent pas respectés ou qu’ils sont entrés en désaccord avec leurs propres valeurs, leurs rythmes de vie, avec leurs besoins profonds.
* La possibilité et la capacité de s’engager sexuellement, ce qui veut dire de pouvoir se rendre disponible pour vivre une intimité sexuelle privilégiée. Ce point méritant a lui tout seul, une réflexion un peu plus profonde, car il est a l’origine de beaucoup de souffrances quand le désir de l’un ou de l’autre s’absente ou disparaît.
Ce qui caractérise une relation de couple, par rapport a toutes les autres relations intimes (parentales, amicales, sociales proches), c’est la possibilité, acceptée par l’un et par l’autre, d’une relation sexuelle. Cet engagement est souvent méconnu. Il y a dans beaucoup de cou-ples une grande misere sexuelle liée a de nombreux facteurs, dont il serait trop long d’élaborer la liste. Disons simplement qu’engagement ne veut pas dire obligation, mais reconnaissance et respect des atten-tes, des désirs (ou des réserves) et des limites de chacun. La rencontre sexuelle est le creuset ou vont s’épanouir tous les langages d’une relation intime : sentiments, désirs, émotions, énergie, imaginaire, sensualité et corporalité.

Respect de quelques règles d’hygiène relationnelle
C’est la mise en pratique de ces quelques règles d’hygiène relationnelles élémentaires qui favoriseront des relations vivantes et durables, accessibles a chacun elles permettront d’établir des échanges en réciprocité et nourriront une communication en santé.
Partager un projet de vie, un engagement sexuel, vivre sur un territoire commun, créer une entité économique nouvelle, tenter de passer du couple à la famille, autant de chemins qui seront à découvrir, a approfondir par une communication ouverte et en réciprocité… Cela suppose surtout de à prendre soin de la qualité des échanges et en particulier des besoins relationnels élémentaires de chacun : besoin de se dire, d’être entendu, d’être reconnu, d’être valorisé, d’avoir une influence possible sur son environnement. La difficulté principale pour beaucoup d’entre nous, réside dans le fait que nous arrivons dans la vie a deux, ne sachant pas communiquer. Il nous appartiendra donc d’apprendre et de mettre en pratique quelques outils et règles pour mettre en commun.

Je voudrais en rappeler quelques-unes :
– * Éviter de parler sur l’autre, de parler pour lui, pour pouvoir parler (de préférence) à l’autre en lui permettant de se dire.
– * Se rappeler que dans un échange, nous sommes toujours trois, l’autre, moi et la relation qui nous relie. Que cette relation si elle est importante pour nous doit être protégée, entretenue, vivifiée. S’interdire donc des injonctions, des menaces, des dévalorisations ou de la culpabilisation.
– * Accepter une alternance possible des positions d’influence. Chacun doit avoir la possibilité d’influencer l’autre dans différents moments de la vie du couple. Si c’est toujours le même qui prend les décisions, qui engage l’autre, décide pour lui, la relation va se stériliser et se dévitaliser.
– * Ne pas pratiquer le terrorisme relationnel, en imposant ses désirs ou en faisant croire à l’autre « que s’il nous aime (vraiment!) il est responsable de la satisfaction de nos besoins, de nos désirs, de la réassurance de nos doutes et de nos peurs ».
– * Accepter de mieux différencier désir vers l’autre et désir sur l’autre.
– * Éviter de confondre les sentiments et la relation. « Je peux t’aimer mais ne pas apprécier la relation que tu me proposes, qui ne correspond pas à mes attentes ou a mes valeurs! » C’est ainsi que, au nom de l’amour (que nous sommes censés avoir pour l’autre) nous pouvons parfois lui imposer une relation qui lui paraîtra rapidement insupportable!

Le respect de ces quelques règles, est susceptible de favoriser des échanges plus créatifs capables de nourrir plus harmonieusement la vivance d’un couple.
Nous invitons ceux qui envisagent de tenter l’aventure du couple a échanger, partager, confronter leurs imaginaires et leurs positions personnelles autour de chacun de ces points. Et de voir ainsi les points de convergences, les points de divergences ou les seuils d’intolérance qui peuvent apparaître dans le projet de vivre ensemble.

Vivre en couple est une expérience centrale, merveilleuse et éprouvante pour beaucoup d’hommes et de femmes. C’est un creuset d’évolution et de changements extraordinaires, qui ne se font pas au même rythme, en même temps ou dans la même direction. Faut-il rappeler que si la construction d’un couple apparaît quelquefois chaotique, comme une succession de crises, c’est aussi un lieu d’épanouissement et de découvertes fabuleuses. Gardons-nous d’oublier que le couple reste la cellule de base sur laquelle peut se construire l’espoir d’un avenir meilleur, vivons-le au présent avec le maximum d’enthousiasme… et de vigilance.
« Vivre en couple est un creuset d’évolution et de changements extraordinaires »
par Jacques SALOME