Interview sur le couple et la sexualité sacrée

Interview sur le couple et la sexualité sacrée Interview sur le couple et la sexualité sacrée avec Catherine Weissbrodt et Mariusz Wisniewski
Comment rendre notre couple plus harmonieux ? Que signifie l’énergie de la colère ? Qu’est-ce qu’une sexualité sacrée ? Comment allier sexualité et spiritualité moderne ?

Catherine Weissbrod et Mariusz Wisniewski

Catherine Weissbrodt et Mariusz Wisniewski , animateurs et formateurs en développement personnel et en Tantra ont gentiment accepté de répondre à ces questions dans cet interview réalisé pour meditationfrance au mois d’avril :

Meditationfrance : Vous proposez des conférences, ateliers et séminaires sur le thème de La sexualité sacrée, pouvez-nous expliquer le contenu de cet enseignement et à qui il s’adresse ?

Les ateliers et les séminaires que nous proposons s’adressent à toute personne en recherche personnelle et plus particulièrement celle touchant à la relation affective et à l’intimité. La plupart des crises et des difficultés que rencontrent nos patients en psychothérapie individuelle touchent ce domaine. Nous avons donc décidé de proposer des stages de manière à ce que le travail de groupe soit un moteur pour chaque individu. Dans les stages nous sommes directement au cour de l’expérience. Les structures que nous proposons mettent les personnes petit à petit face à elle-même et à leur difficulté ce qui fait que nous pouvons travailler avec ce qui émerge de leur processus interne. Par exemple lorsque nous travaillons avec la respiration sur les chakras, des contenus émotionnels, des nouds, des blocages sont mis en lumière. La personne va alors prendre conscience que des comportements, croyances ou conditionnements emprisonnants et désormais erronés entravent la libre circulation de son énergie vitale. Elle va pouvoir les ressentir, les traverser puis les transformer énergétiquement, émotionnellement tout en verbalisant précisément ce qui se passe pour elle dans le présent, ici et maintenant. Dans les stages de longue durée (4 jours ou 7 jours) certaines personnes se donnent les moyens de s’y prendre alors autrement avec elle-même et d’en vérifier les conséquences dans un environnement sécurisé ou l’accueil, le non jugement, le respect sont présents.

De mon point de vue, la sexualité a toujours une connotation taboue, on l’expose, on en fait un produit de consommation plus ou moins agressif ou vulgaire, on parle des problèmes qu’elle suscite, des déviances, des recettes à appliquer pour améliorer les techniques et les performances mais on en reste toujours au même point : la souffrance, l’insatisfaction sont toujours aussi tenaces. On en fait un comportement à part, pourtant elle nous constitue, nous détermine fait partie intégrante de notre manière d’être. Dans les stages lorsque nous travaillons sur la sexualité nous l’englobons dans une réalité émotionnelle, mentale, physique et spirituelle.

Le sens du sacré remet la sexualité dans un contexte énergétique : apprendre avant tout à gérer notre énergie sexuelle ou énergie vitale. Il s’agit d’une seule et même énergie, et lorsque nous prenons conscience de cela, nous sortons alors de la sexualité génitale masculine pour entrer dans une dimension beaucoup réceptive et féminine. En état d’inconscience nous sommes souvent le jouet de cette énergie alors qu’en reliant l’énergie sexuelle au cour et à la conscience nous devenons créateurs.

Ce qui nous intéresse avant tout dans cette démarche c’est le travail de conscience et l’association entre la psychothérapie de groupe, l’approche spirituelle et le sens du sacré. Parfois les personnes en recherche restent coincées dans le psychologique en ressassant toujours la même problématique, le travail dit « spirituel » peut leur permettre d’aller au-delà, de trouver d’autres ressources, de transcender.

En nous appuyant sur notre expérience professionnelle, nous constatons que toute forme de méditation ouvre à l’état de Présence : être centré en soi ici et maintenant en explorant la réalité de ce qui est et ce qui se passe dans mon corps et mes sensations. En réintroduisant certains rituels nous redonnons du sens à la rencontre avec soi et avec l’autre. Nos névroses viennent du fait que nous éradiquons de plus en plus les rituels dans notre vie quotidienne. La vie perds son sens, son intensité, nous y perdons parfois notre âme.

Meditationfrance : Pourquoi l’homme est-il si attiré par le « sexe pour le sexe » et notamment l’éjaculation ? Est-ce que l’éjaculation est un besoin naturel, est-ce une manière de décharger un surplus d’énergie accumulée ?

L’éjaculation est liée à un sentiment de puissance chez l’homme. En éjaculant il donne quelque chose à la femme, en l’occurrence sa semence, liée à la fertilité et la capacité de se reproduire. La sexualité est d’abord et avant tout liée à la procréation.

L’éjaculation constitue une décharge d’énergie car à ce moment là le corps s’abandonne, se relâche. Pour faire durer le plaisir, l’homme doit contrôler son éjaculation. La femme peut l’amener tout au bord, cela va devenir entre eux une forme de connivence, de complicité, de jeu, ensuite c’est pour l’homme l’occasion de relâcher toute forme de contrôle.

Pratiquer le sexe sans éjaculation peut créer un stress. L’homme doit y être préparé énergétiquement et émotionnellement. Il faut avant tout que cela reste en accord avec son ressenti, son désir et non pas une obligation supplémentaire. Cela peut être clarifié dans le couple de manière à ce que cela ne rajoute pas de pression d’un côté comme de l’autre d’ailleurs car c’est aussi un plaisir pour la femme de recevoir cette semence ou de sentir que l’homme va au bout de son plaisir. Néanmoins, dans la pratique de la sexualité sacrée, il y a moyen de séparer l’orgasme de l’éjaculation. C’est à expérimenter !

Meditationfrance : Quels sont les conditionnements et les peurs qui empêchent la femme de vivre pleinement sa sexualité ?

Selon les témoignages de nos participantes nous avons noté  :

La peur d’entrer dans sa puissance et son animalité ou de prendre des initiatives par peur d’être jugée, les jugements pouvant comprendre des termes extrêmement vulgaires et dévalorisants voir rabaissants. N’oublions pas que dans la mémoire collective, la femme est éduquée pour être soumise.

Peur de ne pas satisfaire l’homme, de ne rien sentir, de ne pas arriver à jouir et donc de se mettre la pression ou faire semblant pour ne pas décevoir son partenaire et se faire rejeter. Pour fuir cette peur la femme peut alors ne pas respecter son rythme ses envies et ses besoins et s’oublier en se centrant uniquement sur ceux de son partenaire.

La peur de n’être qu’un objet de désir, un exutoire pour les pulsions de l’homme, de devoir se soumettre à ses fantasmes, d’être utilisée.

Il reste également une croyance que si la sexualité est épanouissante c’est grâce aux savoirs-faire de l’homme, la femme a donc un rôle passif, elle se donne à l’homme en croyant qu’il va tout connaître d’elle. En quelque sorte elle lui remet les clés du véhicule en espérant qu’il sache le conduire alors qu’elle même ne sait pas s’en servir !

Meditationfrance : Vous proposez du 29 au 31 mai 2004 un stage sur la colère : « LA COLERE CONSTRUCTIVE » à Puidoux (Suisse), j’ai aussi envie de vous demander si l’expression et la compréhension de la colère n’est pas une clé essentielle pour une relation amoureuse harmonieuse ?

La colère est avant tout une énergie. Lorsque l’on enlève l’étiquette et les à priori il reste une formidable force de vie qui s’exprime plus ou moins adéquatement. Dans cette force de vie on y trouve également le courage, l’affirmation de soi, l’enthousiasme, la capacité au plaisir. Plus la colère est réprimée plus elle se manifeste à notre insu sous forme de violence (physique, verbale, psychologique.). Lorsqu’elle est bien vécue, elle permet, dans le couple, ce que nous pourrions appeler : « l’amour contact », celui qui nous permet de se « frotter » l’un à l’autre à travers l’affirmation de qui l’on est, la capacité de dire des vrais oui et des vrais non, le respect de soi et de l’autre, la capacité de gérer des conflits. Ceci crée une forme d’intensité que l’on va retrouver aussi dans la sexualité lorsque les deux partenaires sont capables d’aller au bout de leur désir et de leurs envies. Sans cette intensité la relation sera toujours égale, sans conflit mais au bout de quelques temps, sans couleur et sans saveur.

L’impuissance, la frigidité, la dépression sont en lien avec l’énergie de la colère.

Meditationfrance : Ensuite, vous proposez aussi du 3 au 10 juillet 2004 : « LE SENS DU SACRE DANS LA RELATION AMOUREUSE » , c’est un stage qui me semble très intéressant, pouvez-nous en parler un peu ? A qui s’adresse-il ?

Ce stage s’adresse aux couples comme aux célibataires en attente de relation satisfaisante, qui désirent inclure dans la relation affective une dimension supplémentaire. Auparavant, ce qui maintenait un couple c’était l’église, la religion avec des dogmes bien précis mais qui donnait un sens à la relation, autre que celui de procréer ou construire quelque chose ensemble. Aujourd’hui tout cela a éclaté, a perdu sons sens et serait-ce un hasard ? les couples ont du mal à trouver un équilibre dans la durée.

Dans nos vies respectives nous sommes l’un et l’autre en rupture avec l’église, par contre nous sommes profondément chrétiens et en recherche de ce sens du sacré qui ouvre à l’amour pour soi même et avec l’autre dans une forme d’écoute particulière, d’ouverture et d’accueil. Ces conditions particulières que nous offrons dans nos stages par un travail sur l’ouverture du cour apprend à chacun que le sacré n’est pas à l’extérieur mais tapis au plus profond de soi. Lorsque nous nous connectons à ce lieu en soi nous nous sentons relié. Religion veut dire relié, relié les uns aux autres relié en soi à travers quelque chose de plus grand, qui nous dépasse mais qui est aussi à l’intérieur de soi-même. A partir de là les choses paraissent simples, l’autre peut être tel qu’il est, je peux m’exprimer dans ma force comme dans ma vulnérabilité, je me sens aimé et accepté. Chacun peut y participer quelque soit son appartenance religieuse, car chacun va faire l’expérience du sacré selon ce qu’il est.

En somme, le travail que nous proposons est avant tout l’apprentissage de l’amour de soi dans l’acceptation de qui l’on est. Changer ce n’est pas devenir quelqu’un d’autre, c’est avant tout prendre conscience de toutes nos facettes sans diviser, sélectionner ou se battre contre des éléments en nous dits négatifs par rapport à d’autres considérés plus positivement. La réconciliation qui en résulte nous permet de revenir en soi et de cesser de chercher des compensations à l’extérieur. C’est apprendre à offrir à l’autre sa plénitude plutôt que ses manques ou ses besoins, et créer des relations d’interdépendance et de respect.

Meditationfrance : Merci pour cet interview !!

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